Interview : Papanosh et “Un Poulet dans la bouteille”

Raphaël Quenehen, vous avez participé au Jazzkaar d’automne en 2015 (SügisJazz) en Estonie où vous avez joué en duo sous le nom de Petite Vengeance et vous revenez avec Papanosh en Avril 2017 pour le Jazzkaar. Quel est votre sentiment à l’égard de votre retour en Estonie avec Papanosh, un groupe qui célèbre 10 ans de camaraderie musicale intense et interrompue? 
C’est un grand plaisir de continuer l’histoire que nous avons commencée avec Petite Vengeance il y a deux ans. Nous avons vraiment aimé le public ici qui est ouvert au jazz et au langage musical (autant avec la musique contemporaine et la musique folk). J’adore partir en tournée avec Papanosh, car nous sommes comme une famille et nous aimons découvrir la nourriture locale et rencontrer des gens qui nous inspirent dans notre musique. Nous essayons de “jouer le lieu” et je suis quasi sûr que ce sera un succès en Estonie!

Votre troisième album vient de sortir avec Enja records. Pourquoi le nom “Chicken in a Bottle”?  
C’est aussi le nom d’un des morceaux que j’ai composé. Il s’agit d’un hommage à Eric Dolphy, un grand joueur de saxophone et clarinette, dont j’admire beaucoup la musique qui me fait penser au chant d’un oiseau cinglé. Ainsi ce morceau représente une bouteille de champagne remplie de l’esprit de Dolphy. Ce titre est absurde et idéal pour décrire notre musique qui est parfois dramatique et d’autres fois marrante ! 

Parlez-nous de votre concert à New York et de l’enregistrement avec Marc Ribot. Comment s’est passée la visite? Savez-vous déjà pour quand attendre ce quatrième album de Papanosh?
Nous avons fait l’enregistrement le 17 janvier à Brooklyn avec comme invités Marc Ribot et Roy Nathanson. Nous avons rencontré Roy il y a 3 ans et avons réalisé un projet superbe ensemble sur la musique de Charles Mingus (Oh Yeah ho – enja Yellowbird / label Vibrant). Un lien direct s’est aussitôt formé entre nous. Roy est un joueur de saxophone épatant et aussi un poète qui apporte une dimension forte et sentimentale à la musique. Nous avions pensé à nous lancer dans un nouveau projet en vue d’un concert au Winter Jazz festival de New York. Nous avons immédiatement saisi la possibilité d’enregistrer de la musique avec Roy et son vieil ami Marc Ribot. Nous avons composé des morceaux simples et puissants et sommes très satisfaits du résultat. L’album devrait sortir l’année prochaine.

Quelle est l’histoire de Papanosh? 
Papanosh est un groupe qui a maintenant 10 ans, nous étions déjà amis ensemble au lycée. Quatre gars parmi nous se sont rencontrés dans l’orchestre de jazz du lycée, on a découvert la musique de Charles Mingus ensemble, on a fait de l’improvisation etc. Au début, Papanosh, c’était un sextet qui s’amusait avec la musique venant de l’est, le jazz libre, nous avions aussi un violoniste. Après que le violoniste ait quitté le groupe, nous sommes devenus un quintet de hard bop très classique et nous avons commencé à créer notre propre musique avec des influences provenant aussi de plus loin. Nous n’avons jamais arrêté de jouer ensemble, même durant les périodes où il n’y avait pas beaucoup de concerts à jouer.

Quelles sont vos plus fortes influences?
Certaines choses traditionnelles venant de l’est, le hard bop, jazz libre, Mingus, Ornette Coleman, les gars du Knitting Factory NYC, la musique folk.         

D’après vous, quelle est la meilleure chose quand on joue dans un groupe, et quelle est la pire des choses?
Jouer et créer ensemble permet d’entendre de la musique que l’on aurait jamais pu connaître seul ! Il y a là tellement d’énergie ! De l’autre coté, il faut se faire au fait qu’on n’est pas seul à prendre des décisions (ce qui n’est pas si mal, d’ailleurs!).

En quelque mots, comment décririez-vous la scène musicale de jazz en France?
La communauté jazz de France est vaste – certains préfèrent l’approche classique, d’autres ont des projets bruyants et extrêmes ou sont inspirés par la musique moderne et la musique du monde, mais on se respecte tous entre nous!

Quelle est la musique que vous écoutez dans votre groupe?
Nous écoutons nos bons vieux disques préférés comme le jazz américain des années 50 et 60, Mingus, du hard bop, mais aussi Charlie Haden’s Liberation Music Orchestra, les œuvres  splendides de John Zorn et même Los Lobos, des choses traditionnelles du Mexique, Johnny Cash, etc.

Qu’est-ce qu’il y a de prévu pour Papanosh en ce moment?
La maison de production Enja Records vient de sortir notre nouvel album “Chicken in a Bottle”: jazzrecords.com/enja. C’est notre troisième album jusqu’à présent. Le 9 et 10 janvier nous avons fait de nouveaux enregistrements avec Roy Nathanson et Marc Ribot.

(fin de l’interview)

Papanosh jouera le 19 avril à Viljandi Pärimusmuusika Ait, le 24 avril à Elva kultuurikeskus et le 25 avril à Punane Maja, Tallinn.  

Ecoutez l’intégralité du nouvel album “Chicken in a Bottle”  ici