La gagnante de notre concours de nouvelles a été sélectionnée !

L’Institut français d’Estonie et la Ville de Marseille ont le plaisir de vous présenter ci-dessous la nouvelle qui a remporté notre grand concours d’écriture sur le thème “Marseille et la gastronomie”.

Merci à tous les participants et félicitations à Helen Kalpus, auteure de la nouvelle qui a remporté l’unanimité de notre jury ! Helen Kalpus gagne donc un voyage linguistique et de découvertes culturelles pour une semaine (frais de transport, d’hébergement, de visites, de cours pris en charge par la collaboration et les participations de l’Institut français et de la Ville de Marseille). Souhaitons bon voyage dans cette belle région de France à Helen !

 

Un nouveau goût

Helen Kalpus

Cela a commencé avant un verre de pastis. Quand tu as entendu que je ne l’avais jamais goûté, ton sourire en coin a disparu.

— Alors qu’est-ce que tu attends? Allons-y!

Et puis tu me tenais la main et tu me tenais au bar.

Le liquide jaune laiteux giclait quand nous avons trinqué.

— Santé!

Tes yeux brillaient d’anticipation. Quand j’ai souri, tu l’a fais aussi. C’était ton sourire que j’ai le plus aimé. Astucieux, mystérieux, en coin. Et tes chauds yeux bruns. Et tes mèches sombres, surtout quand elles dansaient dans la brise marine. Et tes mains, tenant les miennes.

Si belle, si doucement douloureuse. Qu’est-ce qui rend cela si agréable? L’acte de me torturer doucement. Ces souvenirs n’effaceront pas, je ne les laisserai pas, car ils sont si plaisants. Une pincée de douleur rend la joie plus profonde, plus douce. C’est doux comme le chocolat chaud que tu m’as préparé le lendemain matin.

Quand tu m’as dit que tu vivais pour manger, j’ai levé les yeux au ciel. Quand tu as ajouté qu’après tout, tu étais marseillais, j’ai presque envie de partir. Est-ce le rôle qui marche avec les étrangers? Ou es-tu un vrai cliché de la vie?

Mais quelque chose m’a empêché de partir. Tes chauds yeux marron chocolat? Ou peut-être le chocolat chaud exceptionnel?

Je t’a laissé m’emmener manger la meilleure bouillabaisse de la ville. Et le tajine le plus authentique. Et la plus grande assiette de couscous qui était plus que suffisant pour nous deux. Tu m’as montré la ville, les lieux, les gens. Je savais que je tombais amoureux.

Mais tu ne m’as pas pris pour acheter des navettes. J’ai choisi une pâtisserie au hasard et le gentil propriétaire m’a recommandé ces petits gateaux. Lorsque la navette a rempli ma bouche d’une douceur délicate, j’ai senti que quelque chose en moi était en train de changer. J’ai pris une autre du sac en papier. Et une autre.

— Ouais, je comprends vivre pour manger ça.

Nous étions assis sur la plage. Tu m’as fixé pendant un moment, puis a commencé à rire en secouant ta tête.

— Les gâteaux les plus secs, les plus insipides, les plus touristiques …

Tu as toujours préféré les macarons.

Les jours où je ne pouvais pas te contacter, j’ai découvert la ville par moi-même. J’ai trouvé un beau restaurant-librairie, un mélange paradisiaque. Je me suis promené dans le Vieux Port en mangeant de la glace. J’ai bu des cocktails en regardant le coucher de soleil dans les bars en bord de mer.

Un homme dans la rue m’a demandé son chemin et je savais où le guider. Un autre jour, j’ai recommandé la sole gillée aux femmes assises à une table à côté de moi. En sortant du restaurant, j’ai dit au revoir au serveuse Elise, et le sourire est resté sur mon visage pendant un certain temps.

Et tout à coup, je réalise que ce mois n’était pas du tout à toi. Tu ne m’appartenais pas vraiment. Mais aussi, je n’étais pas à toi non plus, ni ce mois-ci. J’ai fait de la place dans mon cœur et beaucoup de gens ont sauté dedans.

Le propriétaire de l’auberge, Léo, qui a posé des questions sur ma famille et m’a lu des offres d’emploi locales. Le facteur que j’ai vu le matin quand je me suis donné la peine d’aller faire un jogging. Le patissier Marc avec son sourire entendu et son sourcil levé.

— Pas de navettes aujourd’hui? Peut-être juste un? Ou deux? Voilà, cinq.

Des etrangers, des connaissances, des nouvelles connaissances.

En pensant à eux, je me sens au chaud à l’intérieur. Mais ça pince aussi, pas désagréablement, mais toujours un peu douloureusement. C’est une belle nostalgie, un désir pour ce mois merveilleux. La douleur rend la mémoire encore plus précieuse. Ça crée un nouveau goût intéressant. Anis, rendant un verre mémorable. Fleur d’oranger, rendant un gâteau inoubliable. Cette odeur, ce goût, cette ville … est ce qui me manque.

Heureusement, ils ne m’ont pas quitté, ils attendent patiemment. Marseille est toujours là et toujours prête à venir me chercher à l’aéroport.

concours de nouvelle

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